Mgr Fisichella aux évêques des États Unis : « Évangéliser, c'est créer la culture de la rencontre »

21 juin 2024

Le congrès d'étude et d’approfondissement sur le Directoire pour la Catéchèse organisé par l'Institute on the Catechism de la Conférence Épiscopale des États-Unis s’est tenu du 17 au 20 juin 2024, à l'Université St. Mary of the Lake de Mundelein, dans l’état de l’Illinois. Le séminaire sur « Catéchèse évangélisatrice » a réuni des évêques diocésains de tout le Pays, des responsables des Bureaux de la Catéchèse, et des directeurs d'écoles catholiques. Le Pro-Préfet du Dicastère pour l'Évangélisation, S.E. Mgr Rino Fisichella, a également participé aux journées de travail, et y a offert une conférence sur le thème : « Evangelizing Catechesis and a Culture of Encounter », soulignant l'importance de la “culture de la rencontre” dans l'évangélisation.

 

Dans un contexte comme celui actuel, de grand changement culturel, - a commencé le Pro-Préfet - «la catéchèse et toute initiative de formation dans l'Église devraient assumer la tâche première de créer une "culture de la rencontre" ». D'autre part, a-t-il ajouté, « lorsque le Directoire pour la catéchèse introduit le thème du « but de la catéchèse », il ne fait que nous ramener à cet objectif fondamental : « Au centre de tout processus catéchétique se trouve la rencontre vivante avec le Christ. » Cependant, la culture d'aujourd'hui est une « nouvelle culture », une « culture du numérique et de l'intelligence artificielle qui détermine de manière significative notre style de vie », « construite de manière à faire perdre la dimension relationnelle typique de la personne ». Tandis qu’en réalité, la “rencontre” authentique nécessite que l'on s'engage dans une véritable relation interpersonnelle. Cela ne veut pas dire qu'il « faut tout condamner comme si nous n'étions qu'en présence d'éléments négatifs », car même la sphère virtuelle peut être « un moment de véritable rencontre ».

 

Pour parler de “rencontre” et d' “évangélisation”, on ne peut donc « ignorer l'Écriture Sainte qui est par excellence le livre de la rencontre » : « chaque page du texte sacré exprime simplement la beauté de la rencontre entre Dieu et son peuple ». « Reprendre les nombreuses rencontres décrites dans le texte sacré - a poursuivi Mgr Fisichella - nous permettrait d'arriver à une "théologie de la rencontre" qui nous serait extrêmement utile. Mais ce qui est nécessaire dans ce contexte, c’est de considérer la relation entre évangélisation et rencontre. Évangéliser, en effet, n'est rien d'autre que la conséquence de notre rencontre avec le Seigneur ». Le Pro-Préfet a évoqué deux rencontres en particulier. « La première rencontre est celle de Jésus avec ses disciples (...). La rencontre est déterminée par le geste premier de Jésus qui “voit” et de cette rencontre visuelle, immédiate, presque intuitive, il se rapproche de chacun d'eux, et de là naît l'appel à partager son ministère. Le choix de le suivre est une grâce qui se place sous le regard de Jésus et son appel personnel à le suivre ». En outre, le deuxième exemple de rencontre est celui entre Jésus et le jeune homme riche, « dont la conclusion décrit malheureusement l'inefficacité de la rencontre ».

 

Ces deux exemples nous permettent de vérifier « certaines caractéristiques particulières qui nous permettent de comprendre en quoi consiste la rencontre et quelles sont ses conséquences sur la vie des personnes. Nous pouvons immédiatement considérer que nous sommes en présence d'une rencontre lorsque, de prime abord, nous nous sentons engagés avec une personne presque comme si nous devenions immédiatement un familier ; telle est la perception de proximité et de confiance qui est immédiatement perçue. Cette expérience de l’altérité conduit tôt ou tard à la capacité de changer de vie ». Dans ce contexte, on comprend mieux « pourquoi le jeune homme riche devient triste. Il n'a pas le courage de sortir de lui-même pour vraiment rencontrer Jésus qui le pousse à changer de vie. Ce jeune homme n'est pas capable, comme au contraire le sera Pierre, de quitter sa maison où il se sent protégé et en sécurité, tandis que l'apôtre part à l'aventure en suivant un Maître qui n'a même pas “où reposer la tête” (Mt 8, 20) ».

 

La catéchèse kérygmatique, comme le souligne le Directoire, a souligné Mgr Fisichella, « fait de la rencontre un de ses objectifs décisifs ». Le concept de “rencontre” prend donc un sens encore plus actuel et concret en ces mois qui précèdent l'ouverture du Jubilé ordinaire 2025, « par lequel le Pape François nous invite à orienter le regard vers l'espérance ». L'espérance, qui est le Christ ressuscité, « n'est pas un événement inattendu de l’avenir, mais la certitude de notre présent. S'ouvrir à l'espérance n'est pas une fuite vers un avenir inconnu ; cela nous oblige plutôt à garder notre regard fixé sur l'essentiel de la vie : notre rencontre avec le Seigneur ressuscité. Une catéchèse kérygmatique cohérente ne rejette pas l’audace de l’espérance, mais la place comme fondement de son action de formation. Voilà pourquoi lorsque le Directoire entend décrire les qualités du catéchiste, il dit entre autres : “Le catéchiste ne cesse d'être un signe d'espérance pour ses frères” ».